et à la fois dans le sens d'une meilleure solidarité et pour favoriser la transition écologique !
Nous étions plus d'une centaine venant de différents horizons à venir écouter, ce mardi soir à Hellemmes, Dany Lang de l'Université Paris XIII et Laurent Cordonnier de l'Université Lille I à l'initiative d'Attac, des Amis du Monde Diplomatique (Philippe Cécile assurait l'animation et la modération des débats) et de l'association des économistes atterrés.
Thomas Coutrot, co-président d'Attac France n'a pu être des nôtres pour raison de deuil familial.
Après avoir rappelé l'analyse des causes de la crise financière de 2007, Dany Lang (DL) a laissé entrevoir, en première partie, quelques pistes de solution. La crise de 2007 est en effet d'origine multi-causale : explosion de la masse des capitaux en circulation, stratégies macroéconomiques et traités européens non-protecteurs et non régulateurs. DL a indiqué qu'il y avait des limitations liées aux traités européens qui laissent les pays européens seuls, en prise avec le FMI ou les marchés financiers pour traiter leur problème de dette publique. La BCE (Banque Centrale Européenne) ne peut financer les dettes publiques a contrario d'autres pays dans le monde. Les pays européens n'ont pas la possibilité de s'aider financièrement les uns les autres. Enfin, la BCE s'autogère pour la politique monétaire et n'a pas de véritable politique de change et n'ayant pas de mission en matière de soutien des politiques en matière économique laisse la concurrence fiscale se dérouler entre Etats européens ce qui est "pousse au crime" puisqu'incitant les Etats à baisser leurs recettes.
Tous les Etats européens se sont illusionnés en mettant en œuvre des baisses d'impôt et différents cadeaux pour les catégories les plus riches.
Puis DL après avoir rappelé certaines fausses évidences a cité de nombreuses possibilités d'action pour résoudre le problème de la dette publique en Europe :
Il faut augmenter simultanément les recettes et les dépenses publiques dans les Etats européens :
- accroître les dépenses en matière d'éducation de R & D, innovation et d'investissements écologiques
- augmenter les recettes avec un impôt plus progressif, la suppression des niches fiscales
- condamner les banques qui utilisent les paradis fiscaux
- revoir les attributions de la BCE pour le financement des dettes publiques
- autoriser les Etats européens à s'aider mutuellement sur le plan financier
- ne pas supprimer l'ISF, mais augmenter son rendement,
- se libérer du diktat des agences de notation en créant des agences publiques indépendantes des lobbys financiers
- renoncer à payer une partie des dettes
- etc… Ce ne sont donc pas les solutions "alternatives" qui manquent
Laurent Cordonnier (LC) est intervenu en 2ème partie pour apporter des compléments aux propos de Dany Lang.
Celui-ci a abordé le problème de la défiance des préteurs au sein des marchés financiers. Il s'agit d'un véritable cercle vicieux dont le point de départ est l'agence de notation. Celle-ci "dégrade" la note d'un pays au vue du côté peu rassurant de la dette accumulé et des déséquilibres budgétaires persistants. Le prêteur s'empresse aussi de prêter mais avec un taux plus élevé ce qui allonge d'autant le montant à rembourser. LC voit un levier essentiel dans un "dérapage contrôlé" d'inflation pour soulager le poids de la dette et s'accorde avec DL pour augmenter les impôts dans le sens d'une plus grande justice fiscale. Il faut faire payer les grandes fortunes qui, à l'aide de multiples mécanismes ou niches fiscales, échappent quasiment à l'impôt. LC entrevoit aussi avec malice un système alternatif à l'impôt qui serait proposé aux grandes fortunes. Cela consisterait à accepter un placement à moyen terme peu ou pas rémunéré qui permettrait à l'Etat de refinancer sa dette publique à meilleur compte.
Un débat assez riche avec l'assistance a suivi et les économistes atterrés nous promettent des suites en rapport avec les échéances présidentielles et au delà. M.E.
Lire la présentation (Powerpoint) de Dany Lang pour plus de détails ici