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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 20:48

Alternatives Economiques

J’ai indirectement évoqué cette question compliquée dans un billet antérieur « Les états doivent-ils s’endetter ? » (26 septembre). L’occasion d’y revenir m’est fournie par un billet récent de Jean-Marie Harribey sur son blog (« De la création monétaire… »).

Mon analyse portera sur un seul des « principes monétaires » mis en avant comme « préliminaires » par Jean-Marie (je n’ai pas de problème avec le reste, mais il est vrai que le principe en question joue un rôle important dans son texte). Il est énoncé ainsi (point 3 de la partie I) : « Au niveau macroéconomique, l’accumulation du capital et, de manière générale, TOUT DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE, EXIGENT OBLIGATOIREMENT UNE CREATION MONETAIRE qui anticipe le surplus social qui sera produit. »

J’ai sur ce principe (qui a des conséquences ailleurs) des réserves. Pourtant, quand je lis les analyses de Jean-Marie des causes de la crise et des solutions, je ne vois aucun désaccord notable. J’explique cela dans le premier point suivant : ce problème précis relève de débats théoriques ayant peu d’incidences sur l’analyse de la situation actuelle.

PREMIER POINT. La question de savoir s’il faut à l’avenir de la création monétaire, ou une expansion de la masse monétaire, est très secondaire aujourd’hui pour combattre la financiarisation de l’économie. C’est certes un enjeu de controverse théorique, mais on est loin des urgences actuelles. Pourquoi ? Parce que se poser cette question est presque surréaliste aujourd’hui alors que nous ne cessons de dénoncer le « gaspillage monétaire » lié à l’inflation de monnaie spéculative déconnectée de l’économie dite réelle.

Jean-Marie Harribey l’exprime lui-même fort bien dans le principe 4 de son texte : « L’anticipation de la production d’un surplus que représente le crédit suppose trois conditions pour être validée… [dont le fait que] … La banque centrale contrôle suffisamment la pratique bancaire pour que celle-ci soit orientée vers des activités utiles et non vers la spéculation. »

Je défends l’idée que la financiarisation galopante s’est accompagnée d’un gonflement démesuré de la masse de monnaie en circulation, y compris la « base » émise par les banques centrales (notée M0), et qu’il faudrait dans la période à venir, pour freiner la spéculation sur tout, REDUIRE CETTE MASSE DE MONNAIE SPECULATIVE EN REAFFECTANT SES USAGES VERS CE QU’ON APPELLE L’ECONOMIE REELLE (pas n’importe laquelle, voir le point 2). Ce serait un peu l’équivalent pour la monnaie de l’efficacité énergétique du scénario NégaWatt comme contrepoids au gaspillage, ici le gaspillage monétaire. Ce dernier est l’une des causes de l’inflation du prix des actifs financiers, y compris les obligations des États, mais aussi de l’inflation du prix des matières premières et autres supports de spéculation.

Le graphique qui suit représente l’évolution de la base monétaire mondiale, d’une part en montant total, d’autre part en % du PIB mondial en valeur monétaire (source Flash, 26 novembre 2010, Artus, Natixis). Il illustre parfaitement le décrochage de la base monétaire par rapport à la richesse économique « réelle » (mesurée en valeur monétaire), et de plus en plus depuis 2008. Cliquer sur le graphique pour l’agrandir.

graphmassemonet

Si je résume ma position sur le principe 3 de Jean-Marie Harribey, je dirais : à quoi sert d’énoncer un principe 3 très théorique disant que tout développement économique exige une création monétaire si, dans le principe 4, on identifie une limite pratique au principe 3 (la spéculation) et si cette limite est aujourd’hui le cas général qu’il faut combattre en priorité ?

Une taxation des transactions financières dont le montant serait affecté aux investissements de la « transition » est un bon exemple de « recyclage » de monnaie spéculative vers des investissements souhaitables, sans création monétaire spécifique préalable. De même, une taxation très progressive des revenus aurait pour effet de réduire fortement l’effet de richesse, donc la spéculation liée, en remettant de la monnaie (le produit de la taxe) dans un circuit utile, en remplaçant de la mauvaise monnaie par de la bonne. La notion de recyclage ne vaut pas que pour l’écologie.

DEUXIEME POINT. Réfléchir à la causalité entre le « développement économique » (quel qu’en soit le contenu) et la masse monétaire est non seulement problématique aujourd’hui pour les raisons précédentes, mais a) c’est une approche purement quantitative étrangère au besoin de penser une transition qualitative, et b) c’est dans le cas présent dérivé d’une théorie K&K (Keynes et Kalecki) qui exigerait des innovations pour être pertinente dans le contexte actuel.

a) Une approche macroéconomique purement quantitative

Savoir si un « développement économique » (une progression globale de la valeur ajoutée monétaire) exige ou non une expansion de la masse monétaire me semble à nouveau secondaire par rapport à la question de la place de la monnaie ou des monnaies dans un « développement économique socialement et écologiquement souhaitable ». Je ne crois pas qu’on puisse dire qu’un raisonnement macroéconomique peut faire abstraction du contenu de ce qui est produit et consommé (valeurs d’usages, besoins, soutenabilité, etc.). Plus exactement on peut évidemment le dire et le faire, mais on passe alors à côté des innombrables « valeurs ajoutées perdues » ou gaspillées dans le système actuel.

Une blague keynésienne classique consiste à dire qu’en payant des gens à creuser des trous et d’autres à les combler on fait du « développement économique », bon pour l’emploi, etc. Or ce n’est pas qu’une blague. De plus en plus d’activités consistent à réparer des dégâts liés à d’autres activités, quand ils sont réparables. L’exemple classique est celui des guerres et des « reconstructions ». La France est au troisième rang mondial pour les dépenses militaires. Mais c’est vrai presque partout, y compris dans le domaine des dépenses de santé, où certes on a de bonnes raisons d’exiger des créations d’emplois hospitaliers indispensables à court et à moyen terme, mais où, dans le même temps, on assiste à une course poursuite des soins curatifs derrière des logiques productivistes qui détruisent la santé humaine, et derrière des logiques de marchés qui poussent à la dépense. L’OIT estime que le seul coût (en se limitant aux coûts mesurables) des « troubles mentaux » au travail représenterait 3 à 4 % du PIB de l’UE !

Partout, il y a ainsi des « trappes » à valeur ajoutée perdue collectivement, des gaspillages considérables de valeur ajoutée et donc de monnaie, d’investissements…

Fonder une approche du souhaitable (y compris en termes de création monétaire) sur la nécessité d’un « développement économique » sans évoquer ces « moins-values sociales » collatérales pose un problème, même si je rejoins Jean-Marie pour estimer qu’une transition ambitieuse devra composer avec la mise en extinction progressive (et pas instantanée) de ces moins-values. Mais dans le même temps, les données les plus récentes sur le climat et les émissions, par exemple celles de James Hansen, ne devraient-elles pas nous inciter à renforcer nos critiques de la croissance verte, ou du « développement économique » au sens de Jean-Marie Harribey, deux notions cousines à mes yeux ?

b) Un modèle en partie dépassé

L’approche K&K privilégiée par Jean-Marie fait l’impasse sur la « valeur d’usage » (la nature de ce qu’on produit), or pour la raison précédente c’est essentiel pour distinguer les valeurs ajoutées utiles et durables et les autres : les « grands projets nuisibles », les dépenses socialement improductives, la course à la réparation des dégâts du « développement économique » actuel.

Le modèle K&K ignore aussi bien les « fuites » précédentes de valeur monétaire vers le futile, l’inutile ou le nuisible, que bien d’autres fuites dans la spéculation mondiale ou les paradis fiscaux. Le circuit qu’il présente est celui du financement de l’économie réelle, or la monnaie s’évade dans d’autres « investissements » financiers improductifs. Je rejoins ici mon point 1. Cette approche était plus pertinente à l’époque de sa mise au point ou pendant les Trente Glorieuses. La théorie keynésienne, qui reste génétiquement expansionniste, exigerait des innovations majeures pour intégrer les contraintes écologiques, la valeur d’usage et les fuites monétaires. Je sais que certains, que je connais, y pensent, mais pour l’instant c’est malheureusement marginal dans la famille keynésienne.

Conclusion : on pourrait peut-être s’inspirer, pour compléter les approches économiques par une écologie politique et sociale des dettes (privées et publiques), d’une sorte de scénario NégaWatt monétaire : sobriété monétaire, efficacité monétaire, monnaies alternatives, recyclage… Ce n’est pour l’instant qu’une vague intuition, ou plutôt une image à vocation « heuristique » (l’art d’inventer).

PS. Une version du texte précédent a été envoyée il y a quelques jours sur deux ou trois listes de discussion. Jean-Marie Harribey y a diffusé une réponse détaillée, allant d’ailleurs bien au-delà des questions que je soulève. Le titre de sa réaction est « Keynes ou Hayek, il faut choisir ». En ce qui me concerne, je ne vois pas pourquoi je devrais me contenter, s’agissant de choix théoriques, d’un système « bipartite » quand aucun des deux « partis » ne me convient, bien que ma distance au premier soit bien moindre que ma distance au second. Surtout si on ajoute que les « programmes » de ces partis datent des années 1930 et 1940.

Fort heureusement, on peut dire des choses sensées sur la crise des dettes en n’adhérant à aucune théorie existante de la monnaie et du crédit, et même en ne les connaissant pas. C’est tout l’intérêt des « audits citoyens » qui se mettent en place actuellement, avec des textes, des diaporamas et des vidéos de bonne qualité qui circulent en grand nombre, et dans lesquels on n’a besoin ni de Keynes ni de Hayek pour analyser les causes des dettes excessives et les solutions pour en sortir par le haut.

Mon rapport aux théories économiques s’est beaucoup dégradé avec l’âge… Ce sont toutes des constructions sociales datées, liées à une époque, leurs concepts sont eux aussi marqués par un « cycle de vie » et par des phénomènes d’obsolescence.

J’espère que la crise actuelle et la crise écologique vont voir l’émergence d’innovations dans une socio-économie politique et écologique mise au point selon les idées des « sciences citoyennes » (voir mon billet « occupy economics ») en se dégageant de l’emprise des grands hommes du passé sans en oublier certaines intuitions géniales « recyclables ». Il ne me viendrait pas à l’idée de dire à qui que ce soit « entre Marx et Keynes, il faut choisir » au seul motif que Keynes a écrit, avec la modestie qu’on lui connaît, « avec ma nouvelle théorie… les fondements ricardiens du marxisme seront pulvérisés ».

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