Les possibles n°15 revue en ligne éditée à l'initiative du conseil scientifique d'ATTAC
Indépendance, par rapport à quoi, par rapport à qui ?
Les revendications de souveraineté populaire, de droit à l’autodétermination, d’indépendance, même à des échelons locaux ou régionaux, deviennent de plus en plus précises. S’agit-il d’un antidote à une globalisation aveugle et violente ? Ou bien d’un élément susceptible d’affaiblir encore davantage les États et surtout leurs systèmes sociaux et fiscaux, aggravant ainsi les disparités, les inégalités, voire les discriminations et la xénophobie ?
Dans son dossier : Nationalités et frontières, ce numéro des Possibles ouvre le débat sur les nationalités, les rapports entre elles, l’émergence de nations ou les aspirations à les faire émerger. Se posent alors de multiples problèmes. Comment créer un État de droit ? Dans quelle mesure faut-il se défaire de l’ancienne appartenance ? Entre État centralisateur, fédéralisme et confédéralisme, le choix s’impose-t-il ? Quel est l’espace politique et culturel pertinent pour construire la démocratie et la solidarité ? Un équilibre entre globalisation et balkanisation est-il possible ?
Un premier groupe de trois textes porte sur des questions générales.
Le droit à l’autodétermination se conquiert
Nils Andersson dresse un état des lieux du concept de droit à l’autodétermination au sein de l’ONU. Il s’avère que ce droit est toujours une conquête, les luttes anticoloniales victorieuses l’ayant bien montré, et, à l’inverse, des obstacles subsistent encore dans de nombreux cas. Mais la résolution 1514 de l’ONU stipule que le droit à l’autodétermination n’abolit pas celui d’un État à préserver son intégrité territoriale.
La construction des identités nationales
Jean Tosti propose ensuite un commentaire du livre d’Anne-Marie Thiesse, La construction des identités nationales, Europe XVIIIe-XIXe siècle, qui explique le long processus de cette construction.
Gauche : Du bon usage de la nation et de la souveraineté
Roger Martelli s’interroge sur le bon usage de la nation et de la souveraineté.
Viennent ensuite cinq textes portant sur des expériences historiques ou actuelles.
Nationalismes et langues, l’expérience balkanique
Bozidar Jaksic montre, à propos du démantèlement de la Yougoslavie, que « la recherche de pureté de la langue nationale est une résurgence de la politique criminelle de purification ethnique ».
Sans nationalités ni frontières, s’éveille un Kurdistan libertaire
Pierre Bance présente la longue quête d’indépendance et de liberté du peuple kurde, partagé entre plusieurs États en conflit. Pourtant, dit-il, il peut exister un avenir prometteur pour un Kurdistan libertaire.
La Catalogne est bien sûr au centre l’actualité. Elle est l’objet de deux articles.
Catalogne : construire de la base ce que le sommet nous refuse
Txetx Etcheverry explique pourquoi « le processus catalan reflète une stratégie gagnante » : il est progressiste car il s’inscrit dans « une esquisse d’un vrai programme de transition sociale et écologique », il est impulsé par la société civile et il est non violent. Mais on voit dans le texte combien la clarification des notions d’État et de nation serait nécessaire, tellement elles sont trop souvent confondues.
Catalogne : une crise majeure dans l’État espagnol
Francis Viguié retrace l’histoire de la montée de la revendication d’indépendance et analyse le « nouveau cycle de lutte et de résistance ».
Ces deux auteurs sont d’accord pour dire, d’une part, que la responsabilité du gouvernement espagnol est immense pour avoir fait échouer une possible négociation en lui préférant la répression, et, d’autre part, que la crise en Catalogne s’insère dans une longue suite de contradictions au sein de l’Union européenne.
L’Afrique aussi est concernée.
Corée du Nord en Afrique centrale
Odile Tobner présente la situation au Cameroun. Longtemps dominé par l’Allemagne puis l’Angleterre et la France, le pays n’arrive pas à gérer la revendication de la minorité anglophone autrement que par la répression. Elle dénonce le silence des gouvernements occidentaux, notamment celui de la France. Face à cette situation, une fois encore, l’ONU s’avère impuissante.
Un été contre les migrants et leurs soutiens : le gouvernement Macron accueille pour mieux expulser
Claude Calame revient sur le sort réservé aux migrants que le gouvernement Macron aggrave encore. En effet, la politique de reconduction aux frontières et d’éloignement fait partie de la tendance au rejet de l’Autre, dont on ne peut jamais être sûr qu’elle n’est pas, si peu que ce soit, inhérente aux revendications de certains indépendantistes.
La partie Débats de ce numéro des Possibles est très fournie et diverse
pour lire en ligne ou téléchargez au format PDF :
https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-15-automne-2017/