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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 09:42

Spiegel.pngCet article en anglais est paru le 24 mars 2011 sur le site du Spiegel On Line

Traduction française de M-Th. Gratacap-Singh

 

La bombe atomique de l’Amérique

 

Le désastre de Fukushima soulève, dans le monde, beaucoup de questions sur la sécurité nucléaire. Mais la contamination est bien pire dans la partie du Nord Est Pacifique. L’ancienne centrale nucléaire de Hanford, Washington, l’un des lieux les plus contaminés au monde, attend depuis des décennies d’être nettoyée.

Des agneaux y  sont nés sans yeux ou bouches, certains ont des jambes grotesques soudées l’une à l’autre, certains agneaux n’ont pas de jambes du tout. Beaucoup sont mort-nés : on en a compté jusqu’à 30 en une seule journée.

Ici, dans un pâturage, une vache a été retrouvée morte, raide, ses sabots raidis bizarrement tendus vers le ciel.  Au bas de la rivière Colombie, des hommes de la tribu des Yakamas ont pêché  des saumons à trois yeux. Et les truites se sont couvertes d’ulcères cancéreux.  Puis les bébés ont commencé à tomber malades.

 C’est un soir, au printemps  de 1962, que le fermier Nels Allison  a compris que quelque chose de mauvais augure se passait. ‘Les fils de putes !’ a-t-il dit en parlant à sa femme.  Quand quelque chose allait mal à la ferme des Allison, près de Basin City, ville rurale proche de la rivière Colombie, dans ce coin du Farwest au Nord des Etats Unis,  les moutons étaient toujours ‘les premiers à se coucher et à mourir’. Il commença  à parler de cette nuit mortelle comme de ‘La Nuit des Petits Démons’*.

 Bien après la mort des Allisons,  l’horreur continue. Comme le raconte le journaliste Michaël d’Antonio dans son livre de 1993, ‘La Récolte de l’Atome’, leur histoire est l’une des milliers d’histoires d’horreur qui se sont passées dans la région de Hanford (Etat de Washington),  où ont eu lieu les premiers travaux américains à grande échelle de production du plutonium. Ce site continue, à ce jour, à hanter les habitants et à les menacer.

Hanford est le péché atomique originel des Etats Unis. C’est là que, le Ministère de l’Energie  (US Department of Energy -DOE) a produit durant la guerre froide, sur une surface de plus de 1517m2, à quatre heures de voiture de Seattle, soit une grande partie de l’Est de l’Etat de Washington,  presque tout le matériel brut nucléaire. Ce lieu, fermé après avoir perdu son statut en 1988, reste l’endroit le plus contaminé par la radioactivité de tout l’Occident.

LE Ministère a récemment revu le calendrier de la décontamination de Hanford, la plus grande surface à nettoyer de l’Histoire américaine. La date d’achèvement en a été reportée à nouveau. On espère, à l’heure actuelle, en finir avec ces travaux herculéens en septembre 2052 - plus de 108 ans après la création et la mise en service d’Hanford.

  Les Cartes de la Mort

 La catastrophe nucléaire qui se déroule à Fukushima remet en question la sécurité des réacteurs nucléaires américains.  Mais personne ne parle  de l’une des pires menaces: celle qui se tapie dans les sols de Hanford.

 Ce qui rend la situation encore plus grave est la présence d’un site nucléaire en activité, le seul site dans cette région à fort risque sismique du Nord-Ouest, juste à côté du site pollué. De fait, Gerry Pollet, le directeur du groupe activiste ‘Heart of America Northwest’** souligne que la combinaison du legs de Hanford et de l’activité sismique potentielle des lieux. pose ‘énormes problèmes de sécurité.

 Ces nouveaux problèmes n’ont rien de neuf pour les gens de Richland, la ville la plus proche de Hanford, ni pour les 240 000 personnes qui vivent aux alentours dans ces comtés peu peuplés. Leurs grands-parents en ont déjà payé le prix: contamination et irradiation permanentes, fausses couches, malformations  à la naissance et maladies rares chez  les enfants.

 Dans les années 60, Juanita Andrewjewski, une femme de fermier, a créé une ‘Carte de la Mort’ –avec des croix pour les maladies du cœur et des cercles pour les cancers. Très vite la carte a été couverte de croix et de cercles; en un certain endroit, on en comptait 67.

Le prix de la paix.

Stewart Udall, qui fut secrétaire de l’Intérieur sous les présidents J.F. Kennedy et L.B.Johnson, disait que Hanford était le plus tragique chapitre de toute l’histoire américaine de la guerre froide.

 A partir de 1943, un très gros projet a abouti à la construction de neuf réacteurs atomiques à Hanford - ceux qui se dressent toujours sur les sables du désert parmi les dinosaures fossilisés. Le Réacteur B   a été le  premier de ces réacteurs à être mis en service.

 C’est là que les Etats Unis, dans le plus grand secret, ont obtenu le plutonium utilisé pour le Projet Manhattan. C’est Hanford qui a fourni le matériel pour la toute première explosion d’une bombe atomique, le test de la Trinité, sur le sol des Sables Blancs (White Sands) dans le Nouveau Mexique, le 16 juillet 1945. Ce site a produit aussi les 6,4 kg de plutonium pour ‘Fat Man’, la bombe lancée sur Nagasaki le 09 aout 1945 ; Dans les décennies suivantes, Hanford a produit le plutonium pour tout l’arsenal nucléaire des forces US. La liberté du monde occidental dépendait de Hanford, disait-on. La ville avait contribué à en finir avec  la 2e guerre mondiale et était un haut lieu de la guerre froide.

C’était apparemment plus important que la santé des gens.
Dans les décennies suivantes, Hanford a produit le plutonium pour tout l'arsenal nucléaire des forces U.S. La  liberté du monde occidental dépendait de Hanford, disait-on. La ville avait contribué à la deuxième guerre mondiale et en était fière

 Un Legs Mortel

 L’Amérique était fière de Hanford. En remerciement pour leur sacrifice quotidien, les employés et entrepreneurs sur place à Hanford reçurent des petits insignes (pins) en forme de champignons nucléaires. D’Antonia raconte que le champignon nucléaire était aussi la mascotte de l’équipe de football du lycée ‘Les Bombardiers’ de Richland  et que les entreprises locales s’appelaient : Jeux Atomiques de Boules, Aliments Atomiques, et  Soins de Pelouse Atomiques

 Mais, aujourd’hui, cette fierté s’est change en horreur. Les fermiers de la région et les personnes vivant dans les villes voisines, Pasco et Kennewick --connues collectivement comme les Trois Cités-- comptent parmi les personnes les plus irradiées au monde.

 C’est un legs horrifiant. : À Hanford, 52 bâtiments sont contaminés et 386km2 sont inhabitables du fait de la radioactivité qui a pénétré le sol et les eaux: uranium, césium, strontium, plutonium et autres radionucléides mortels. En tout, plus de 240 000 m3 de déchets  hautement radioactifs restent sur le site -soit deux tiers de tous les déchets radioactifs américains.

 A un endroit, des décharges contenant plus de 216 millions de litres de déchets, liquides et eaux de refroidissement usées, ont fuit  des réservoirs percés. Plus de 100 000 barres de combustible -soit 2300 tonnes- reposent encore dans des bassins proches de la rivière Columbia.

 L’eau utilisée pour refroidir le matériel venait de cette rivière. Jusqu’à l’année 1971, cette eau était clandestinement rejetée  juste en bas de la rivière après avoir subit un  traitement minimal. Des radiations élevées dont le trajet reçu le nom de Green Run***, on été mesurées à 402 km vers l’ouest, là où la rivière Colombie se jette dans le Pacifique. Ce furent surtout les Amérindiens qui mangèrent la pêche empoisonnée.

 Nuages radioactifs 

 Le site émit aussi des nuages radioactifs que les vents  transportèrent jusqu’à l’Oregon, l’Idaho et le Montana et même jusqu’au Canada. Les personnes affectées par les retombées en souffrirent surtout durant la phase initiale, entre 1945 et 1951, quand ils furent irradiés par l’iodine-131, qui s’était glissée dans la chaine alimentaire via le bétail, le lait et les œufs. De plus, des milliers et milliers d’ouvriers, résidents et fermiers furent délibérément contaminés à titre de tests.

Le 3 décembre 1949, les physiciens d’Hanford laissèrent échapper, par les cheminées du site dit T-Plant -à l’époque la plus grande usine de plutonium au monde- un nuage hautement radioactif.  Les radiations étaient presque mille fois supérieures à celles qui furent relâchées  lors de l’accident de Three Mile Island, en Pennsylvanie, le pire accident nucléaire de l’histoire américaine. Des retombées, suivant la route du Green Run, dérivèrent jusqu’à  la Californie. Les gens se demandaient pourquoi, brusquement, on tombait malade.

 Des études montrèrent  finalement que les bébés, à Hanford,  avaient été deux fois plus irradiés que les enfants de Tchernobyl. Avant le ‘Green Run’, Tom Bailie, le fils âgé de 2 ans d’un fermier, aimait à jouer dans les champs. Par la suite,  il souffrit d’une paralysie inexplicable; plus tard, il ne pourrait pas avoir d’enfant. Toute la famille mourut de cancer.

 Mais ce ne fut pas avant 1986 que Bailie, avec l’aide d’un journaliste obstiné de la Spokesman Review, un journal local, put commencer à comprendre le pourquoi des choses. Ce fut le début de ce qui deviendrait pendant des dizaines d’années un combat entre les victimes des radiations et le gouvernement des E.U. Les victimes intentèrent une action en justice contre le gouvernement et l’obligèrent à ouvrir ses dossiers. Quelques uns de ces procès sont devenus  des Class Actions****et se poursuivent encore aujourd’hui.

 Une bombe à retardement

 Lorsque le site d’Hanford fut fermé en 1988, le gouvernement lança une action massive de décontamination. L’administration disait que c’était ‘le plus grand projet d’étude civil de l’histoire de l’humanité’ –comme si c’était quelque chose dont on puisse être fier.

 Aujourd’hui encore, ce projet coûte plus de deux milliards de dollars chaque année. Pour l’année fiscale 2013, 2,9 milliards seront nécessaires. Le travail est continuellement perturbé par les négligences, les revers et les accidents. En 2008, après vingt ans de nettoyage, à peine la moitié du travail a été faite. Quatre seulement des neufs radiateurs ont été exhumés.  La zone extérieure devrait être totalement décontaminée autour de 2020, et les réservoirs à la fin de 2047.

Et à ce moment là, naturellement, le réacteur en service sera encore là. Depuis 1984, il est considéré comme l’un des réacteurs les moins fiables des E.U. Après la catastrophe japonaise, l’opérateur, le groupe ‘Utility Consortium Energy Northwest’, a proclamé que le site avait encore plusieurs dispositifs de récupération et pouvait supporter un séisme de magnitude 6.9.

 L’année dernière, on a compté 210 tremblements de terre dans la région de Hanford dont le plus fort d’une intensité de 3.0 sur l’échelle de Richter. Mais le fait que ces séismes n’aient pas été sévères ne rassure pas les environnementalistes.  Glen Spain, l’un des directeurs régionaux de la  Fédération des associations de pêcheur de la côte du Pacifique***** a fait savoir que les fuites des réservoirs enfouis dans les sols et la contamination du fleuve par les eaux souterraines impliquent pour le fleuve  un futur de radioactivité si on ne parvient pas à tout nettoyer  à temps afin d’éviter une  catastrophe en matière d’irradiation. L’héritage de ces déchets nucléaires  est une bombe nucléaire à retardement.


Notes du traducteur
*Allusion probable au livre de Fyodor Sologoub , traduit en anglais d’abord sous le titre: ‘The Petty Demon’ puis en 2009-10 ‘The Little Demon’
** Littéralement : Cœur Nord-Ouest de l’Amérique
***littéralement ‘le parcours vert’ et aussi (Run)  étude verte, intraduisible en français, le terme ‘ Green Run Test’ est le nom de l’ étude expérimentale sur la fission des produits radioactifs  (dont iodine-133 et surtout  xénon-133) menée sur le site de Hanford par le gouvernement américain durant 16 jours en décembre 1949 et dont les conséquences obligèrent à l’ arrêt des recherches  jusqu’en 1962.
****Actions de groupe en Justice
***** Coast Federation of Fishermen's Associations (PCFFA)

 

A lire aussi l'enquête menée par le Spiegel On Line International "A Survey of the World's Radioactive No-Go Zones" (Revue des zones nucléaires contaminées interdites d'accès dans le monde)


 

 

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