LE MONDE 05-04-2011
Le pacte pour l'euro validé par le conseil des chefs d'Etat européens les 24 et 25 mars invite, au nom de la compétitivité, tous les Etats membres à associer évolution des salaires et productivité. Quelles conséquences peut-on en attendre ?
Le paradoxe de cette clause du pacte pour l'euro est que, depuis une vingtaine d'années, les salaires ont évolué moins vite que la productivité. Dans l'Union européenne (UE), selon les chiffres d'Eurostat, le produit intérieur brut (PIB) par tête a augmenté de 25 % en termes réels entre 1991 et aujourd'hui, alors que les salaires n'ont augmenté que de 12 %. Si la croissance durant cette vingtaine d'années a été non négligeable, c'est en grande partie parce que la faiblesse des salaires a été compensée par l'endettement des ménages, dans de nombreux pays - Etats-Unis, Espagne, Royaume-Uni, Irlande et même en France. Mais ce phénomène de gonflement de la dette privée par substitution au pouvoir d'achat des salaires n'est pas soutenable à long terme. La crise de 2008 a ainsi mis en évidence le problème de la baisse de la part des salaires dans la richesse produite. Lire la suite
Thomas Coutrot est économiste et statisticien diplômé de l'Ensae, il est au ministère du travail, où il anime aujourd'hui enquêtes et recherches sur les questions du
travail. Il a publié "Jalons vers un monde possible", aux éditions Le Bord de l'eau, et a corédigé le " Manifeste d'économistes atterrés ". Il est membre depuis dix ans du
conseil scientifique d'Attac France, dont il est le coprésident avec Aurélie Trouvé.