Immenses manifestations à l’appel du collectif Women’s March, pour dénoncer à la fois le mépris affiché de Donald Trump envers les femmes et, plus largement, la politique qui lui a permis de remporter la présidence.
Plus de deux millions de personnes, femmes surtout, ont participé samedi aux "Women's March" organisées à travers les Etats-Unis pour la défense des droits civiques et contre Donald Trump.
De nombreux rassemblements ont également eu lieu dans le monde. L’événement a dépassé les attentes de ses organisateurs. Une marche en forme de contre-investiture du nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump, afin de protester contre le milliardaire et ses propos machistes et misogynes.
Les organisateurs de la Women’s March ont recensé plus de 670 « manifestations sœurs » à travers le monde, dans 400 autres villes américaines et dans au moins 70 pays. Les organisateurs estiment qu’entre 2 et 3 millions de personnes y ont participé, dépassant de loin leurs attentes.
Souvent devant les ambassades et consulats américains, souvent avec beaucoup d’Américains expatriés, avec des milliers de personnes dans plus d’une vingtaine de villes au Canada, des milliers d’autres à Paris, Amsterdam ou Genève, et des rassemblements plus petits de quelques centaines de personnes à Berlin, Rome, Lisbonne, Prague, Tel-Aviv ou Durban et Sydney.
Pour beaucoup, ces défilés ressemblaient à une entrée en résistance, après la longue période de K.-O., consécutive à l’élection surprise du candidat républicain, le 8 novembre.
Né de discussions en ligne après la victoire de Trump en novembre, le réseau derrière la Women’s March a officiellement pour « mission » de défendre le message que « les droits des femmes sont des droits humains ».
Ils étaient plus d'un million à Washington selon les organisateurs, un demi-million de manifestants à Los Angeles selon la police, ainsi qu'à New York, et des centaines de milliers à Chicago, Dallas, San Francisco, St Louis, Denver, Boston et dans des dizaines de villes américaines.
De tous les âges, de toutes les générations,elles sont arrivées de partout des Etats-Unis déferlant telle une gigantesque vague humaine sur Washington pour dire non à Donald Trump… Inquiètes pour l’avenir, au vu des propos et du comportement du nouveau président des Etats-Unis, des centaines de milliers de personnes ont défilé dans la capitale du pays.
Plus d’un million de personnes à Washington
La manifestation la plus importante, avec des milliers de slogans et de bonnets roses, a eu lieu dans la capitale américaine, quelques heures après l’investiture du 45e président des Etats-Unis et, la dépassant potentiellement au niveau de l’affluence. À mesure que la manifestation prenait de l’ampleur, elle est devenue un point de ralliement pour tous ceux voulant montrer leur opposition non seulement à la victoire du républicain, mais à l’ensemble de sa politique et sa personnalité.
« Nous sommes en train de faire machine arrière »
Énormément de mères de famille ont fait le déplacement, souvent même plusieurs générations réunies. « Je suis venue marcher avec ma mère qui s’est beaucoup battue dans les années soixante pour la défense de nos droits, avance Bath, collée à sa maman souriante et déterminée. Nous sommes en train de faire machine arrière. Notre pays est un pays d’immigrants. Il s’est bâti de la sorte. Nous devons préserver cet acquis. » La marée humaine s’étire sur dix blocs depuis le Capitole où une scène géante fait défiler les représentants des diverses organisations présentes, entre des morceaux de musique, le tout projeté sur grand écran.
La foule est telle qu’à certains endroits de la Marche, on peut à peine respirer. « On se sent très forte des jours pareils », s’enflamme Nicole, assistante sociale auprès de jeunes filles en difficulté. Cette féministe de vingt-huit ans arrivée de Hartford, capitale du Connecticut l’avoue en plaisantant : « Je n’ai pas regardé l’investiture. Cela ne m’intéressait pas. Je suis ici aujourd’hui pour mes filles. »
Au beau milieu des pancartes multicolores et des bonnets roses, signe de ralliement, Suzanne, soixante-deux ans et sa femme Mary-Lou, soixante-neuf. Le couple s’est uni à Saint-Paul dans le Minnesota il y a sept ans. « Nous, les femmes, représentons 51 % de la population. Nous sommes majoritaires aux État-Unis, rapporte posément Suzanne, volontaire auprès d’enfants sexuellement abusés. Nous avons des droits comme tout le monde et devons à tout prix les conserver. »
Rassemblements massifs dans les grandes villes des USA
De rassemblements massifs, dépassant de loin les attentes des organisateurs et de la police, ont eu lieu dans des grandes villes :
à Chicago, selon les chiffres du métro de Chicago, 275 000 personnes ont emprunté ses rames avant 11 heures, contre 193 000 seulement la veille vendredi, jour de l’entrée en fonction de Donald Trump.
à Boston, au moins 135 000 personnes ont été recensées par la mairie.
à New York, la foule s’étirait sur une dizaine de pâtés de maisons, bloquant les 2e, 3e et 5e avenues. La police a comptabilisé un demi-million de manifestants à New York.
à Los Angeles, plus d’un demi-million de personnes selon la police et 750 000 selon les organisateurs ont manifesté.
des rassemblements de plusieurs dizaines de milliers de personnes dans des villes plus petites comme à Seattle, à Denver, à Atlanta, à Boise, à Austin, à Miami, à Pittsburgh, à Nashville, à Oakland, à San Diego, à Philadelphie, à Sacramento, à Minneapolis, à Cleveland, à Lansing ou à Oklahoma City.
à Indianapolis, dans l’Indiana, Etat dont le vice-président Mike Pence était le gouverneur.
De nombreux orateurs – politiciens, activistes, acteurs – ont adressé la foule à Washington, comme Michael Moore qui s’est adressé à la foule en rigolant – « Bon, on a réussi à survivre la première journée » – leur a dit « d’appeler le Congrès tous les jours » et leur a ensuite fait scander le numéro à composer.
Des manifestations dans plus de 70 pays
A Paris, près de 5 000 personnes se sont rassemblées place du Trocadéro à l’appel d’une quarantaine d’associations féministes et des partis de gauche. Les slogans et les chants étaient souvent en anglais, parfois traduit à la hâte, et disaient, la même chose que les « manifestations sœurs » aux États-Unis : le rejet de Donald Trump et défendre les droits des femmes. « Avec son discours misogyne, j’ai peur que Trump autorise implicitement les hommes à se comporter comme lui », explique Alexandra, une trentenaire, toute de rose vêtue.
A côté d’elle, Amy, une Américaine qui vit à Paris, est venue avec son mari et ses deux enfants. « Trump va abolir l’Obamacare, ce qui veut dire que les contraceptifs ne seront plus remboursés. Et en même temps, les républicains ne veulent pas de l’avortement, c’est kafkaïen », explique-t-elle.
À Londres, 100 000 personnes « pour qu’ils sachent qu’on les soutient »
Les organisateurs de la manifestation londonienne revendiquent 100 000 personnes présentes sur Trafalgar Square et ses rues environnantes. Oliver Powell, un acteur de 31 ans interrogé par l’AFP, a résumé ce qui a fait descendre tant de gens dans les rues :
A Montréal plus de 2000 personnes avaient apporté leurs pancartes aux slogans plus colorés les uns que les autres, dans une ambiance festive.
A Varsovie 300 personnes ont manifesté devant l’ambassade américaine à l’appel de plusieurs organisations féministes, derrière le slogan de « Washington-Varsovie : même combat ».« c’est normal qu’on se solidarise avec les Américaines ». Les manifestantes sont venues aussi s’élever contre la « vague populiste mondiale » qui touche en premier lieu leur pays et menace, selon elles, les droits des femmes.
A Mexico plus de 1 000 personnes, en majorité de nationalité américaine, ont manifesté samedi. « Il ne faut pas faire machine arrière », « Pas de Trump, pas de racisme, USA ! », ont scandé des centaines d’Américains qui défilaient dans les rues avant de se rendre devant l’ambassade des Etats-Unis à Mexico. « Les droits des femmes, des afro-américains, des gays… sont tous des droits de l’Homme. Il ne faut pas faire machine arrière », a déclaré à l’AFP Bill Cox, un sexagénaire né à New York et qui réside depuis 5 ans à Mexico.
« Nous ne voulons pas que Trump dure les 4 ans de son mandat. Nous espérons vivement qu’il sera destitué », a dit Betty, une Américaine de 60 ans en vacances à Mexico selon laquelle le nouveau président a « fait des promesses qu’il ne pourra pas tenir ».
sources : Le monde, 20 minutes, planning familial