Des paysans au tribunal...
Ils sont neuf, convoqués pour tous. Neuf individus pour faire oublier que c'est la Conf', un syndicat de défense des travailleurs de l'agriculture, qui se bat contre l'usine des 1000 vaches. Neuf convoqués pour des centaines de milliers, convoqués pour dissimuler que ces actions sont aussi le reflet d'une demande citoyenne. Alors oui, ils sont neuf à avoir besoin d'un énorme soutien le 28 octobre à Amiens.
Mais ce n'est pas tout. La convocation au tribunal, couplée à l'arrivée des vaches, ne met pas fin à la mobilisation, bien au contraire. C'est ce qu'il faudra démontrer, ce jour-là, en convergeant en masse au procès de l'industrialisation de l'agriculture. Ce modèle-là, on n'en veut pas !
Et puis, pour ne rien gâcher, ce sera aussi un vrai bon moment, avec de la musique, de la bonne bouffe, un marché paysan, des tables rondes, ...
Alors, en tracteurs, à pied, en vélo, en train, en bus… tous à Amiens le 28 octobre !
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… et des vaches à l'usine
On l'a souvent dit, Michel Ramery ne manque pas d'appuis. Grâce à cela, il a pu légaliser l'illégal, et installer ses premières vaches dans son usine. C'était le 13 septembre, dans la nuit, un an et un jour après la première incursion de la Conf' sur le chantier. Deux jours auparavant, la sous-préfecture assurait que les conditions d'application du permis d'exploiter n'étaient pas réunies, ce qui rendait toute installation illégale. Pourtant, sans que les travaux en question aient été effectués, la préfecture a finalement autorisé le démarrage de l'exploitation. Immédiatement, les riverains de l'association Novissen, rejoints par des paysans de la Conf', ont bloqué le site, empêchant l'entrée de nouvelles vaches. Mais il fallait bien collecter le lait des 130 premières vaches. C'est donc sous escorte policière que le camion de Senoble est venu récupérer le lait.
Face à cette situation bloquée, le ministère de l'Agriculture a, pour la première fois, organisé une réunion sur le sujet, avec toutes les parties. En bref : le méthaniseur aura une capacité moindre et n'utilisera que des déchets agricoles, et ce sera à l'Etat de prendre sa responsabilité pour imposer une enquête publique au-delà de 500 vaches.
Mais soyons clairs, l'exploitation de l'usine a démarré, et même s'il devait être contraint à 500 vaches, cela resterait la plus grosse ferme laitière de France, ultra-industrielle. Alors, échec ? En partie bien sûr, mais les paysans qui se battent pour leur avenir n'ont pas tout à fait le même poids qu'un notable qui a l'oreille de tant de décideurs. Mais il y a aussi de quoi se satisfaire. Sur le méthaniseur d'abord, qui lui rapportera beaucoup moins, et surtout sur le fond de l'affaire. Aujourd'hui, la question « Veut-on que notre alimentation soit produite dans des fermes ou dans des usines ? » est devenue un sujet de société à part entière !